La Vénus d’Arles
Ô douce Vénus d'Arles, ô fée de jeunesse ! ta beauté qui rayonne sur toute la Provence fait belles nos filles et sains nos garçons ! sous cette chair brune, ô Vénus ! il y a ton sang, toujours vif toujours chaud. Et nos jeunes filles alertes, voilà pourquoi elles s'en vont la poitrine ouverte et nos gais jeunes hommes, voilà pourquoi ils sont forts aux luttes des taureaux, de l'amour, de la mort. Et voilà pourquoi je t'aime, - et ta beauté m'ensorcelle, - et pourquoi, moi chrétien, je te chante, ô grande païenne !...
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DE THÉODORE Aubanel
La Vénus d’Avignon
Ses yeux d'enfant, profonds et verts, ses grands yeux purs vous disent : Va ! Un peu souriantes, un peu boudeuses, tendres, ses lèvres s'entr'ouvrent; ses dents, plus blanches que le lait, brillent.... Chut ! elle arrive : Voyez-la ! Elle a quinze ans à peine, la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !
Vagabonde, sa chevelure noire se retrousse en torsades, en boucles ; un velours cramoisi l'attache ; fouetté par le vent, il tache de rouge son visage brun et son cou nu; on dirait le sang de Vénus, ce ruban de la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !
Oh ! qui m'ôtera la soif de la jeune fille ? ... Elle n'a point de corset : sa robe, fière et sans plis, moule son jeune sein qui ne tremble pas quand elle marche, mais s'arrondit si ferme, que soudain frémit votre cœur devant la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !
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DE THÉODORE Aubanel
Coupe sainte
Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.
Coupe sainte
Et débordante
Verse à pleins bords
verse à flots
Les enthousiasmes
Et l'énergie des forts !
D'un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin ;
Et, si les Félibres tombent
Tombera notre nation.
D'une race qui regerme
Peut-être somme nous les premiers jets ;
De la patrie, peut-être, nous sommes
Les piliers et les chefs.
Verse nous les espérances
et les rêves de la jeunesse,
Le souvenir du passé
Et la foi dans l'an qui vient.
Verse nous la connaissance
Du Vrai comme du Beau,
Et les hautes jouissances
Qui se rient de la tombe.
Verse nous la Poésie
Pour chanter tout ce qui vit,
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu.
Pour la gloire du pays
Vous enfin nos complices
catalans, de loin, ô frères,
Tous ensemble, communions !
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de Frédéric MISTRAL